Un engagement
Marie Thérèse Begoc me reçoit chez elle à Plouzané pour me raconter son parcours à l'Atelier du Maître Tailleur à Brest :
Je suis rentrée à l'Atelier du Maître tailleur à 19 ans. Avant j'avais fait des petits boulots. J'ai commencé à travailler à la Clinique Saint Esprit mais j'ai contracté une hépatite et j'ai du quitté au bout de cinq mois. Puis j'ai gardé des enfants. Comme mon père travaillait pour le commissariat de la Marine et donnait des coups de mains à l'Atelier, il m'a fait rentrée en 1968. Le Maître tailleur était François Morvan jusqu'en 1969. Après c'est son fils Joseph qui a pris sa succession pendant vingt ans puis Monsieur Lamidon, sept ans et Monsieur Sourouille jusqu'à ce que je parte en 2008. J'étais piqueuse mécanicienne. On a été jusqu'à 292 à travailler à l'Atelier.
Catherinette 1969 Marie-Thérèse Chapel, Marie-Cécile Bodennès, Olivette Rota, Berthe Moalic, Françoise Jaouen, Nicole. |
Je suis née en 1949 et j'ai été catherinette en 1974. Les chapeaux étaient réalisé avec de la récup! Les mécanos fabriquaient le support en contreplaqué, le tour de tête avec le plastique dur qu'on utilisait pour les bonnets ainsi que les structures métalliques. Le reste était réalisé par les contre-maîtresses. Elles décidaient du thème, par exemples les pays. On faisait la fête au Foyer du Marin tout l'après-midi que l'on décorait avec soin. On y passait du temps. Le patron nous coiffait et nous faisait la bise. Puis il y avait des animations, des comédies musicales, on dansait. Une fois on avait déguisé Joseph, le patron en Louis XIV. Il était fier et nous on se moquait. Puis on finissait au restaurant entre nous. On a continué à faire la fête alors qu'il n'y avait plus de catherinettes. Pendant mes premières années, les célibataires de l'Atelier étaient invitées au bal des officiers de la Jeanne. Évidemment les marins, on était juste en face des bateaux, les ouvriers de l'Arsenal, venaient souvent boire le café chez nous et Mr Morvan avait fait mettre un panneau qui interdisait l'atelier à tous les marins et quartier-maîttre car il en avait marre qu'ils viennent nous draguer.
Chapeaux de catherinettes |
On s'est mises en grève. Mais il était soutenu par la Marine donc on l'a séquestré à l'Atelier de neuf du matin jusqu'à minuit. A midi il a eu droit à un pain avec un cornichon. On le surveillait même aux toilettes. Il ne voulait pas dialoguer, c'était la seule solution. Les ouvriers de l'Arsenal avaient versé des poubelles dans sa voiture. Il n'y avait pas que nous qui ne l'aimions pas : des mécanos, des électriciens, le service de "la roulante" (ceux qui réceptionnaient les vêtements pour les transporter au Salon d'essayage). C'était des conditions de travail infernales. Je ne me souviens plus la cause mais il était très doué pour déclencher le conflit, tous les jours. Les femmes ont de l'énergie quand ça ne va pas, plus que les hommes, beaucoup plus. C'est plus futé! Ça na pas été une bonne période. Il a quand même été jusqu'à sa retraite en 2011, 15 ans de Marine!
Fête des catherinettes, le Maître Tailleur, Joseph Morvan |
La Marine a commencé à délocalisé dans les années 80 en Tunisie, au Maroc. Très vite on est passé à 180 ouvrières puis jusqu'à 50 au moment ou je suis partie. C'est dégueulasse! Avant il y avait des cordonniers, une quinzaine, Mme Le Gall et puis sa fille après qui faisaient du rembourrage d’oreillers et de matelas au rez-de chaussé du bâtiment, et une voilerie à l'autre bout. C'était des hommes qui travaillaient à la voilerie, il étaient ouvriers d'état. Nous aussi on aurait bien voulu le devenir mais les négociations ont eu lieu juste avant 1981. La gauche est passée et nos revendications ont été mises au placard, sachant que la sous-traitance était déjà à l'ordre du jour!
Au bout de 39 ans de travail, la médecine du travail a diagnostiqué des TMS, troubles musculo-squelettiques décidé de ma mise en arrêt de maladie pendant sept mois. Le corps s'use, la tendinite inflammatoire devient chronique. J'avais mal au côté gauche du coude à l'épaule. Beaucoup de filles de l'atelier ont eu la même maladie car on travaillait jusqu'à 3, 4 ans au même poste. A la fin de mon arrêt de maladie la sécurité sociale m'a jugé apte à reprendre pour voir si je ne jouais pas la comédie alors que la médecine du travail me qualifiait inapte. J'ai donc été licenciée en 2008. Mais c'était une chance pour moi car j'en avais marre. Les douleurs étaient là et je saturais. C'est un boulot frustrant car on fait qu'une partie d'un vêtement, des gestes répétitifs, à force on n'a plus envie de faire d'efforts.
Marie
Thérèse Bégoc, catherinette 1974
avec le cadeau de l'entreprise, à droite Monsieur Carn.
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J'ai donc touché le chômage pendant trois ans et j'ai pu prendre ma retraite. Aujourd'hui j'ai des séquelles, je suis obligée de prendre des médicaments car j'ai souvent mal. Il y a des mouvements que je ne peux plus faire, comme tailler une haie.
J'ai toujours voulu faire de la couture. Ma mère m'avait dit que je
serai jamais riche avec un métier pareil, confortée par les
religieuses à l'école qui pensaient qu'avec mes notes je pouvais devenir
comptable. Mais c'était un choix. J'ai toujours aimé travailler de mes
mains, bricoler. Je brode, je fais de la couture, je fais mon jardin et
j'ai donné des cours de couture comme bénévole pendant 25 ans ici à
Plouzané, trois heures toutes les semaines après mon travail. Ça me
plaisait énormément. Je me suis occupée aussi d'une association d'accueil d'étudiants chinois à Brest pendant dix ans et je fais encore de l'animation comme bénévole au centre social de Bellevue. Je reste engagée pour les autres. J'ai passé de bons moments à l'atelier, ça n'a pas été trop moche. Chaque métier à ses contraintes!
Marie Thérèse a
gardé son chapeau car c'est un beau souvenir
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Je veux partager un témoignage sur la façon dont le service de financement de Le_Meridian m'a aidé avec un prêt de 2,000,000.00 USD pour financer mon projet de ferme de marijuana, je suis très reconnaissant et j'ai promis de partager cette société de financement légitime à quiconque cherche un moyen de développer son entreprise projet.l'entreprise est une société de financement. Toute personne recherchant un soutien financier doit les contacter sur lfdsloans@outlook.com Ou lfdsloans@lemeridianfds.com M. Benjamin est également sur Whatsapp 1-989-394-3740 pour faciliter les choses pour tout demandeur.
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