J’aime mieux le chemin des épingles avec lesquelles on peut s’attifer que le chemin des aiguilles avec lesquelles il faut travailler.

  Nouveau rendez-vous chez Madame MC, une ancienne piqueuse-mécanicienne de l'Atelier du Maître Tailleur de Brest, pupille de la nation, qui y a débuté à 19 ans en 1957 dans les baraques de la porte de Tourville. Après une scolarité à l'école professionnelle de jeunes filles à Saint Martin et l'Ecole d'enseignement des arts ménagers de la marine, sa mère l'inscrit pour un essai à l'Atelier et commence à travailler comme "petite main" car il fallait bâtir les vêtements à la main. Elle y travaille jusqu'à l'âge de 58 ans en 1995 année de son départ en pré-retraite. Elle a eu du plaisir à travailler mais à la fin c'était difficile car son mari était déjà à la retraite. On lui a donné la possibilité de partir en pré-retraite pendant trois ans, elle a voulu s'arrêter avant de toucher sa retraite. 
  Il a eu le travail à la main, puis les machines, le travail à la chaîne, il fallait aller vite et rendre ses tickets en fin de journée sur une fiche de production. Les tissus ont aussi changé, le drap puis la serge pour les tenues de sortie et les vareuses, le kaki pour les vêtements de travail. Pour mon départ ses collègues lui ont offert une petite tenue avec les décorations du grade d'amiral et un petit bonnet qu'elle garde précieusement.


Départ à la retraite de MC























  Sa chef de groupe Mme Guéna de Milizac lui a aussi fait une cravate avec une boutonnière brodée à la main, en souvenir de son poste. Car MC a fait des boutonnières d'abord à la main puis à la machine, une machine très spéciale. Elle dit avoir été paresseuse car elle ne voulait pas changer de poste :
 -"J'avais qu'une trouille c'est qu'on m'amène ailleurs."


De gauche à droite Manou, Anne-Marie, Marcelle, MC portant sa cravate, Martine et Joëlle
  A l'atelier, toutes les filles portaient la blouse fournie par l'Atelier, elles choisissaient la couleur. MC se souvient qu'au début on leur fournissait du tissu et elle devaient la coudre.

Poste de travail de MC avec la machine des boutonnières et le bonnet miniature confectionné par ses collègues.


Remise des cadeaux pour le départ à la retraite de MC


























  A l'atelier l'ambiance était bonne dans son groupe jusqu'à l'arrivée du dernier maître tailleur qu'elle a connu M. Sourouille qui était un tyran! Au début elles avaient seulement des pauses pour allez aux toilettes et en profitait pour y manger des gâteaux! C'est à l'arrivée de Joseph Morvan qu'elles ont obtenu une salle de repos. La pause était courte car elles avaient les pièces à rendre le soir et si le travail n'était pas fini, il fallait rattraper le lendemain.



Salle de pause 1984
Fête à l'Atelier





















  Lorsque le patron était en déplacement à Lorient ou à Toulon, c'était la fête au village! Elles faisaient les imbéciles tandis que le responsable était dans le bureau. Elle a connu les belles heures de l'Atelier alors que l'on embauchait à chaque nouvelle commande, d'abord les cols, puis les bonnets, les cravates, les shorts... L'Atelier a grossi de 65 à plus de 200 employés, en majorité des femmes. Dans l'arsenal on les appelait "le parc à moules"! Elles s'amusaient bien surtout pour la fête des "catherinettes". Au début le patron coiffait la ou les catherinettes et elle reprenaient le travail.

1966, fête des "catherinettes" à l'Atelier








1970, fête des "catherinettes" à l'Atelier avec Jo Morvan au centre

Plus tard elles ont obtenu la demi-journée pour aller au cercle des officiers prendre un goûter.


1985, fête des "catherinettes" au cercle des officiers.



1986 Fête des "catherinettes" au Foyer du marin



  MC a horreur de la couture, elle aurait préféré être vendeuse comme une amie, c'est sa mère qui a exigé qu'elle reste à l'école. Elle n'a pas eu le choix la majorité était à 21 ans à l'époque. Depuis qu'elle est en retraite elle s'occupe de ses petits-enfants et marche avec des amis.


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